Chères et chers collègues
Je me permets de vous faire suivre cette information de notre collègue Dominique Picco à propos des Rencontres d’archéologie et d’histoire en Périgord.
Bien à vous
Charles-François Mathis

Cher.es collègues,
Le colloque annuel des RENCONTRES D’ARCHÉOLOGIE ET D’HISTOIRE EN PÉRIGORD se tiendra du 24 au 26 septembre prochain à Périgieux, sur la thématique Mourir au château à L’Odyssée-Théâtre de Périgueux, salle Montaigne. Il s’accompagne d’une excursion au château de Montréal.
Après avoir consacré tant de colloques à toutes les formes de « la vie de château », nos Rencontres ne pouvaient faire l’économie de « la mort au château ». Lieu de pouvoir, celui-ci obéit à un processus de ségrégation spatiale, sociale, symbolique, qui en fait le théâtre d’une dramaturgie aux multiples facettes, dont quelques-unes seront ici ressuscitées. Mourir au château, c’est d’abord, entre repentances et pénitences, se présenter nu devant Dieu. Et c’est ensuite abandonner sa dépouille aux vivants et laisser à leur discrétion funérailles, hommages et autres solennités. Rituels dont le déploiement affirme, du plus modeste repaire noble au palais du monarque, l’inscription d’une lignée dans un territoire, la force des liens entre seigneurs, vassaux et tenanciers, et l’affirmation, jusqu’à nos jours, d’une sociabilité aristocratique de la différence jusque dans la mort. Mourir en grand roi, tel Louis XIV à Versailles, ou bien en souverain d’une minuscule principauté, tel Charles III de Monaco, n’est qu’affaire de hiérarchie. Mais mourir en reine ? Peu d’entre elles, telles la princesse Fatima bint al-Ahmar à Grenade au XIIe siècle ou Anne de Bretagne, deux fois reine de France, ont été honorées à l’aune de leur naissance et de leur puissance. La mort fulgurante de Marie-Thérèse d’Autriche, épouse de Louis XIV, ne lui laissa pas le temps de dicter ses dernières volontés – en avait-elle d’ailleurs d’autres que de sauver son âme ? Mourir au château n’est pas toujours mourir philosophiquement dans son lit, tel Montaigne ! La violence est à l’origine même de l’univers castral : guerres féodales des chansons de geste, vengeances familiales, emprisonnements, mouroirs sous lambris pour tant de soldats de la Grande Guerre… Que d’âmes errantes et de spectres qui nourrissent les légendes familiales et reviennent avec entêtement sur les lieux de leur crime ou de leur martyre ! Une visite au château de Montréal à Issac résume admirablement pour les lignées qui s’y sont succédé depuis le XIIe siècle, les Saint-Astier, Peyronencq, Pontbriand, du Chesne et Faubournet de Montferrand, la victoire de la chapelle sur le donjon, exaltée par la présence d’une épine de la Sainte Couronne, pieusement conservée depuis la fin de la guerre de Cent-Ans.

PROGRAMME

VENDREDI 24 SEPTEMBRE L’Odyssée-Théâtre de Périgueux, salle Montaigne

8h45 Ouverture du colloque par Anne-Marie Cocula, présidente des Rencontres.

Actualités de l’archéologie en Nouvelle Aquitaine

9h00 Dominique Castex, UMR 5199 PACEA-Université de Bordeaux, La chapelle du château des Milandes (Castelnaud-la-Chapelle, Dordogne, xvie s.) : du terrain à l’interprétation d’un petit ensemble funéraire.

9h45 Hélène Réveillas, Centre d’archéologie préventive Bordeaux Métrople et UMR 5199 PACEA-Université de Bordeaux et Michel Pernot, IRAMAT-Université Bordeaux-Montaigne, Étude techniqus du sarcophage en plomb mis au jour dans le tombeau présumé de Montaigne.

Trépas seigneuriaux

11h00 Anne-Marie Cocula, Université Bordeaux-Montaigne, Est-ce ainsi qu’est mort le sieur de Montaigne ?

11h30 Michel Vergé-Franceschi, Université de Tours, La mort du maréchal Jean-Baptiste d’Ornano au château de Vincennes (1626).

Honneurs funèbres au féminin

14h00 Christine Mazzoli-Guintard, UMR 6566-Université de Nantes, Les honneurs funèbres au féminin : la sépulture de la grande princesse Fatima Bint-al-Ahmar dans le panthéon des Nasrides (Grenade, Alhambra, 1349).

14h30 Pierre-Gilles Girault, conservateur en chef du patrimoine, administrateur du Monastère royal de Brou, Les funérailles d’Anne de Bretagne.

Dans la tourmente des conflits

15h30 Antonin Besson, Université d’Orléans, Mourir au château dans la chanson de geste : du lieu de paix au lieu de conflits.

16h00 Pierrick de Saint-Vaast, CERHiC-EA 2616-Université de Reims Champagne-Ardennes, La mort au château, la mort du château : entre ruptures et adaptations au temps des épreuves (France du Nord et de l’Est, 1914-v. 1930).

SAMEDI 25 SEPTEMBRE L’Odyssée-Théâtre de Périgueux, salle Montaigne

Mourir en Bourbon

9h00 Joëlle Chevé, historienne, Comment mourir en reine ? Marie-Thérèse d’Autriche ou l’imprévisible et tragique éclipse de l’épouse du Roi Soleil.

9h30 Alexandre Maral, conservateur général du patrimoine, chef du département des sculptures, directeur du Centre de recherche du château de Versailles, Versailles, Louis XIV, 1715. L’art de mourir en roi Très Chrétien.

Ubiquité macabre : le partage des dépouilles princières

10h30 Myriam Gillet, UMR 7303-CNRS, Aix-Marseille Université, Un mort protestant dans la demeure des rois de France : le maréchal de Saxe au château de Chambord (30/11/1750-8/01/1751)

11h00 Thomas Blanchy, administrateur principal aux archives et à la bibliothèque du Palais princier de Monaco, historien, Sorbonne Université, Le double corps du prince. Mort et funérailles de Charles III, souverain de Monaco et châtelain de Marchais (1889)

12h15 Départ pour l’excursion au château de Montréal.

13h00 déjeuner à Saint Jean d’Estissac pour les intervenants et sur inscription.

15h00 viste guidée du château de Montréal.

DIMANCHE 26 SEPTEMBRE L’Odyssée-Théâtre de Périgueux, salle Montaigne
Théâtraliser la mort au château : des rites pour la postérité
9h00 Élisabeth Latrémolière, conservatrice en chef et directrice au château de Blois, Décembre 1588-janvier 1589, question sur des morts au château de Blois : le duc de Guise et Catherine de Médicis.

9h30 Milena Lenderová, Université de Pardubice (République Tchèque), Requiescat in pace. Les annonces mortuaires de la noblesse aux Pays tchèques au XIXe siècle.

10h00 Claude-Isabelle Brelot, Université Lyon-2, Mourir au château : de la surenchère à la simplicité ou à la notabilité (XIXe siècle).

Revenants et mystiques

10h30 Roger Baury, Université de Lille, Le légendaire de la mort au château.

11h00 Laurent Bolard, historien de l’art, Sorbonne Université, Une mort exemplaire. Carlo Gesualdo, entre l’esprit et la chair.

12h00 Jean-Marie Constant, Université du Mans, Conclusions du colloque